Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les mesures de lutte contre la propagation du coronavirus prises en Algérie ont constitué, en 2020, un élément favorisant le processus de numérisation dans divers secteurs d’activité, ce qui a permis de résorber, un tant soit peu, les retards accumulés dans ce domaine.

En effet, de nouvelles formes de communication ont été adoptées depuis l’entrée en vigueur, en mars dernier, du confinement sanitaire, accélérant, de ce fait, la numérisation de l’administration et de plusieurs secteurs d’activité.

Le télétravail et les visioconférences, via des plateformes numériques et applications novatrices, ont ainsi connu un essor difficilement envisageable avant la pandémie, la plupart des institutions et entreprises économiques n’y étant pas été préparées, a expliqué à l’APS Abderrafiq Khenifsa, spécialiste dans le domaine des technologies de l’information et des télécommunications.

« Dans le sillage de la pandémie du Covid-19, le scepticisme initial à l’égard des outils de communication et du travail à domicile s’est évaporé et ces techniques se sont ainsi démocratisées dans le pays. La crise sanitaire a eu, également, un effet accélérateur du processus de numérisation de la plus part des secteurs d’activités », a-t-il estimé.

Cette crise sanitaire a, ainsi, hâté la mise en place de l’ambitieux plan d’action du gouvernement pour la mise en œuvre du programme du président de la République qui préconise la numérisation tous azimuts des secteurs d’activités, soutenu par une stratégie à même d’encourager notamment les développeurs de plateformes et applications.

C’est à la faveur de ce programme qu’il y a eu, cette année, une baisse des prix de l’ADSL et une réorganisation du spectre national des fréquences et ce, dans le but de tirer davantage profit des réseaux internet fixe et mobile pour relancer la machine économique.

Toutes ces dispositions et mesures de numérisation ont eu pour conséquence la généralisation du télétravail et le recourt à la visioconférence. Depuis, les réunions institutionnelles et événements se déroulent pour la plus part à distance.

La Covid-19 a été également un facteur pour introduire, par exemple, le téléenseignement au niveau des universités et lancer les consultations médicales via des plateformes de télémédecine.

Un autre pas a été franchi dans le processus de numérisation des documents administratifs et dans la lutte contre la bureaucratie en Algérie. Désormais, les documents de l’Etat civil peuvent être retirés via une plateforme numérique dédiée à cet effet, une première dans le pays.

Le défi de réussir la transition numérique

Dans le prolongement de ces mesures pratiques, un ministère dédié exclusivement à la numérisation et aux statistiques a été créé dans le but, notamment, de « rattraper les retards » enregistrés dans ce processus de numérisation et relever les défis économiques et technologiques.

La transition numérique s’applique ainsi à plusieurs niveaux, dont la numérisation de l’administration centrale et la dématérialisation des différentes prestations publiques.

D’autres secteurs ont également été touchés par la numérisation, à l’image de la Santé à travers le projet de pharmacie électronique, d’un hôpital numérique et de la numérisation des relations contractuelles avec les instances de la sécurité sociale.

Le secteur de la Justice n’est pas en reste, compte tenu des nombreux chantiers ouverts tels que la numérisation du dossier judiciaire, la concrétisation de la notification électronique des documents judiciaires, le lancement du parquet électronique et l’introduction des plaintes et requêtes à distance.

La pandémie a été aussi une opportunité pour d’autres secteurs de moderniser leurs infrastructures, conformément aux instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a appelé les secteurs économiques et financiers à intégrer, dans les plus brefs délais, le monde des services électroniques afin d’éliminer « l’opacité qui y est sciemment entretenue ».

Dans ce sens, le secteur du Commerce a lancé plusieurs projets tels que le système informatique pour le contrôle des marchandises importées, alors que celui de la Finance a engagé une opération de numérisation des trésoreries des 48 wilayas et lancé un système informatique permettant aux contribuables de s’acquitter de leurs obligations fiscales à distance.

A travers toutes ces actions, le gouvernement aspire réussir la transition numérique à la faveur d’une stratégie structurée, inclusive et systémique.

En ce sens, l’année 2021 s’annonce comme étant le point de départ pour asseoir une économie numérique, adossée à un système d’information gouvernemental d’aide à la décision.

APS